Créer une filière textile de A à Z en Afrique
Heather Chaplet, fondatrice de la marque de mode Xoomba, est une artiste polyvalente. Danseuse et céramiste, elle a grandi dans un environnement créatif. En effet, ses parents, designers, avaient développé la célèbre marque MacKenzie-Childs aux États-Unis. Passionnée de danse et de musique africaines, Heather a voyagé entre Paris et New York avec différents artistes avant de s’installer au Burkina Faso.
En 2009, Heather a entrepris un tour d’Afrique, explorant le Sénégal, le Mali, le Bénin et le Burkina Faso. Elle cherchait un endroit où les ressources disponibles permettraient de créer une filière textile de A à Z. Sa découverte des possibilités de sourcing de coton bio au Burkina Faso, ainsi que l’impact historique de Thomas Sankara, l’ont convaincue d’installer son initiative dans ce pays. En 2010, elle crée ses premiers prototypes. Puis, en 2011, elle lance officiellement Xoomba, une marque caractérisée par l’utilisation de coton bio, de teintures non toxiques certifiées GOTS et la collaboration avec les tisserands de Bobo-Dioulasso.
Le coton bio made in Africa
Au départ, Heather partage son temps entre les États-Unis et le Burkina Faso, passant six mois par an en Afrique. En 2012, un défi majeur surgit : la disponibilité de la matière première. Victoria’s Secret a acheté toute la production de coton du Burkina Faso. Il ne reste rien pour la production locale. C’est alors, Heather réalise qu’il faut s’organiser pour assurer le développement d’une filière durable. En 2021, elle organise l’événement « Les rendez-vous du Coton Bio » pour célébrer le coton bio et sa transformation locale. Cet événement réunit des représentants de différents pays tels que le Ghana, le Mali, la Tunisie et le Burkina Faso. Ainsi, cette première édition a reçu un accueil chaleureux et de bons retours.
Développer les compétences des artisans
En 2022, suite au RDV du Coton Bio, la « Coalition pour la Transformation du Coton Bio » est fondée pour fédérer les artisans et stylistes qui utilisent du coton bio. L’ambition est de centraliser la demande de fil bio et de booster la production et sa commercialisation. De plus, le GIZ, société allemande pour la coopération internationale, soutient cette initiative pour former les artisans à la couture, au tissage et à la teinture. Le GIZ a également investi dans des ordinateurs et des logiciels pour réaliser le patronage digital au Burkina Faso. En outre, l’experte Emile Nikiema de la société VetB-Prod est sollicitée pour former une équipe locale au patronage digital. Grâce à ce financement, Heather crée le site web cotonbioafricain.com, un showroom et un catalogue pour la coalition afin de promouvoir le coton bio africain.
Ainsi, Heather Chaplet a réussi à créer une marque éthique et durable au Burkina Faso. En surmontant les défis et en fédérant les acteurs de la filière, elle a positionné la marque de mode Xoomba comme un exemple de transformation locale réussie. Avec sa passion et son dévouement, Heather continue de faire avancer l’industrie textile africaine vers un avenir plus durable et équitable.
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