L’institut du monde arabe célèbre l’excellence et l’innovation
L’Institut du Monde Arabe (IMA) à Paris a été le théâtre d’une première historique : la cérémonie de remise du Prix de la Mode du Monde Arabe. Cet événement inaugural, tenu le mercredi 8 octobre, a réuni un jury passionné pour distinguer des créateurs qui redéfinissent l’esthétique et l’entrepreneuriat de la région. Des robes conceptuelles aux accessoires disruptifs, en passant par l’engagement social, cette édition a célébré l’excellence, l’innovation et la profondeur narrative des talents émergents du monde arabe.
Une nouvelle génération de créateurs à l’honneur
Le jury, face à la qualité et la diversité des candidatures, a procédé à une sélection rigoureuse pour honorer les figures qui façonneront la mode de demain.
Le prix du Talent Émergent a été décerné à Ahmed Hassan (KML), cofondateur et directeur artistique d’une maison de mode conceptuelle basée en Arabie Saoudite. Formé en architecture, Ahmed apporte une rigueur de la proportion et de l’ergonomie à KML, qu’il mène aux côtés de sa sœur Razan. Il a déjà fait ses preuves en participant aux semaines de la mode de Riyad, Milan et Paris, prouvant que la tradition peut être résolument tournée vers l’avenir.
Le prix du Talent Innovant revient à l’Algérien Abdel Djalel Chib. Installé à Paris, ce créateur d’accessoires de mode développe une esthétique singulière, véritable laboratoire textile où l’artisanat rencontre l’architecture et le design. Engagé dans la slow fashion, il privilégie les pièces artisanales produites à la main en séries limitées, incarnant une mode inclusive, engagée et durable.
Les accessoires mis à l’honneur
La catégorie Talent Accessoires a récompensé deux créateurs aux approches complémentaires :
- Lina Kouhaili (Maroc) : Designer d’objets franco-marocaine incubée à l’Institut français de la Mode. Son studio, [lina.kuɛli], invente des « objets-à-porter » : des pièces chimères (sacs-objets, bijoux de table) qui brouillent les lignes entre accessoire de mode et sculpture fonctionnelle. Sa démarche Made in Nomade valorise le savoir-faire artisanal en le faisant voyager.
- Oubadah Nouktah (Nouktah) (Syrie) : Designer syrien formé à l’ENSAD et à l’ECAL, il a fondé NOUKTAH, une marque de maroquinerie indépendante. Il se distingue par deux lignes : l’une intégrant un système d’ouverture innovant breveté, et l’autre qui transforme des pièces automobiles de la casse en sacs uniques, mêlant design graphique, narration visuelle et luxe haut de gamme.
Entrepreneur et engagement
Le Prix Spécial du Jury a été attribué à Mouthana Alhaj Ali (Syrie). Diplômé de l’Institut français de la Mode et passé par l’atelier de Stéphane Rolland, Mouthana utilise ses créations comme un puissant médium pour préserver la mémoire et raconter le vécu des femmes ayant traversé l’horreur de la guerre. Un travail d’une profondeur et d’un engagement humain qui a particulièrement touché le jury.
Enfin, le prix de l’Entrepreneuriat Créatif est revenu à Sophia Kacimi (Zoubida). Après quinze ans dans le luxe, la fondatrice marocaine a inventé un modèle humain et durable à travers Zoubida. Le projet est une aventure collective, ancrée entre Fès et Rabat, qui bouscule les codes de l’industrie en proposant des pièces « d’art-à-porter » unisexes, co-créées avec des artisans et empreintes d’une joie de vivre contagieuse.
La première édition de ce prix marque une étape significative pour l’industrie, en offrant une plateforme de visibilité et de reconnaissance essentielle aux talents qui font le pont entre héritage culturel, excellence technique et innovation contemporaine.
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