Dans le monde effervescent de la mode, le choix des tissus joue un rôle fondamental. Parmi ceux qui ont réussi à transcender les frontières culturelles et géographiques, le wax occupe une place unique. Originaire des Pays-Bas, ce tissu est aujourd’hui considéré par beaucoup comme l’incarnation vibrante de la mode africaine. Il est devenu un symbole d’identité culturelle et un étendard dans la fashion sphère mondiale. Mais il est aussi contesté car il fait de l’ombre au savoir-faire et à l’artisanat local. En effet, le wax, ce tissu néerlandais est devenu l’emblème de la mode africaine. Dans cet article, nous explorons comment le wax est passé d’un simple textile à bas prix à un incontournable de la mode africaine à la fois apprécié et contesté. Il est mis en évidence par différents designers, influenceurs et tendances sur Africa Fashion Tour.
Origines du wax : un voyage historique fascinant
Le wax trouve ses racines aux Pays-Bas, où il a été produit pour la première fois au XIXe siècle. Inspiré des batiks javanais, importés d’Indonésie par les colons néerlandais, ce tissu a d’abord été fabriqué pour imiter ces motifs complexes, mais avec des méthodes industrielles.
La diaspora indonésienne et l’industrialisation textile
À l’origine, les batiks étaient réalisés à la main, nécessitant un travail minutieux. Les Néerlandais, inspirés par ces techniques, ont cherché à les reproduire de manière industrielle. Le résultat fut le wax, dont le nom dérive de la méthode d’application de la cire sur le tissu avant teinture. La population indonésienne n’a pas adhéré à cette nouvelle proposition de tissus et l’importation du wax en Indonésie n’a pas été une opération fructueuse.
L’arrivée en Afrique
C’est dans les années 1960 que le wax a commencé à gagner en popularité en Afrique de l’Ouest. Importé par les commerçants et colonisateurs européens, ce tissu est devenu rapidement prisé grâce à ses couleurs vives et ses motifs audacieux. Il offrait également une alternative plus durable et moins coûteuse comparée aux tissus traditionnels africains, souvent réservés à l’élite.
Le wax néerlandais, un emblème de la mode africaine
De nos jours, le wax fait partie intégrante de la garde robe africaine. C’est bien plus qu’un simple tissu; il constitue une affirmation d’identité culturelle pour beaucoup d’Africains. Sa diversité de motifs et de couleurs permet d’exprimer des messages sociaux, des statuts économiques et même des affiliations religieuses ou politiques.
Si on peut reconnaître l’hégémonie du wax en Afrique, on questionne la notion d’identité. Comment accepter le fait qu’un tissu importé soit un symbole d’identité, soit associé à un territoire, un patrimoine ?
Symboles et significations
Avec le temps, les producteurs de wax ont appris à créer des collections spécifiques pour le marché africain. Et les consommateurs se sont appropriés les modèles proposés. Les motifs du wax ne sont pas uniquement décoratifs, ils racontent des histoires et véhiculent des significations profondes. Il existe une forme de dialogue entre les fabricants de wax et les consommateurs. Le tissu est certes fabriqués en dehors du continent mais il est étudié, pensé, créer pour répondre aux attendes d’un consommateur africain
Par exemple :
- Le « Seins de jeune fille » : Un motif représentant le pouvoir féminin et la fertilité.
- Le « Michelin » : Un imprimé en forme de pneus qui symbolise la prospérité et le mouvement.
- Le « Fleur de mariage » : Typiquement porté lors des cérémonies de mariage, ce motif représente l’amour et l’union.
Impact socio-économique
Le wax joue également un rôle clé dans l’économie africaine. De nombreux entrepreneurs locaux se sont lancés dans la fabrication de vêtements en wax, créant ainsi des opportunités d’emploi et stimulant la croissance économique locale. Des commerçantes puissantes ont fait leur fortune avec l’import et la revente de wax: les Nanas Benz.
Les défis et controverses dans l’industrie du wax
Bien que le wax soit largement célébré, il n’est pas exempt de controverses. L’industrie du wax doit faire face à des défis croissants, notamment liés aux imitations asiatiques et à la commercialisation excessive.
Les imitations asiatiques
Un des problèmes majeurs est l’arrivée massive d’imitations asiatiques sur le marché africain. Ces copies, souvent produites à moindre coût et de très mauvaise qualité, menacent l’économie locale et dévalorisent la qualité perçue du wax. Elles augmentent également la concurrence déloyale et rendent difficile pour les producteurs africains basés au Ghana et en Côte d’Ivoire de maintenir des prix compétitifs et de survivre
Commercialisation excessive
La commercialisation excessive du wax pose également des questions sur l’authenticité et l’intégrité culturelle. Le dialogue entre les populations locales et les producteurs se perd. À mesure que le wax devient de plus en plus mainstream, certains craignent qu’il perde sa signification traditionnelle et culturelle, devenant simplement un autre motif exotique sur les podiums occidentaux.
Le wax restera t il un emblème de la mode africaine ?
Malgré ces défis, le wax continue de s’affirmer comme un pilier de la mode africaine et mondiale. Son adoption par les jeunes générations et son intégration dans des styles contemporains montrent qu’il est là pour durer.
Vlisco s’engage pour soutenir les créateurs
Vlisco la marque de wax hollandais de référence propose chaque année des collaborations avec l’avant garde des designers africains pour créer des collections en phase avec les attentes du consommateur contemporain. Le Vlisco Fashion Fund soutient les designers et couturiers émergents dans le processus de développement d’une carrière dans la mode. Sur le site de Vlisco on peut lire :
En partageant nos connaissances, notre expertise et l’accès à notre large réseau, nous nous efforçons d’aider les créateurs prometteurs à renforcer leurs compétences et à développer leurs propres marques de mode africaines.
Et c’est à travers ces actions que le wax ce tissu néerlandais est devenu l’emblème de la mode africaine.
Alors que certains designers refusent d’utiliser le wax et privilégient des tissus de fabrication locales tels que le kenke ou le bogolan, le sujet l’identité africaine à travers la mode reste au coeur des débats.
Nouvelle vague de designers
Une nouvelle génération de designers africains redéfinit le wax en l’incorporant dans des silhouettes modernes et des coupes innovantes, préservant ainsi son héritage tout en lui donnant une dimension contemporaine. Africa Fashion Tour met en lumière tous les talents émergents, offrant une visibilité précieuse à ceux qui réinventent la mode africiane avec ou sans wax
En somme, le wax est bien plus qu’un simple tissu; qu’on le porte ou non, on envoit un message. C’est une déclaration de style, une revendication culturelle et un symbole d’appartenance dans la fashion sphère actuelle. Que ce soit sur les podiums internationaux ou dans les rues africaines, avec ou sans wax, la mode africaine continue de captiver et d’inspirer, cimentant sa place dans l’univers dynamique de la mode.
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