La découverte de l’artisanat marocain
Julie Defudes, diplômée d’Esmod Paris, se passionne très tôt pour la rareté et la finesse du travail manuel. Elle débute sa carrière en collaborant avec John Galliano avant de poser ses valises au Maroc en 2007. Là, elle découvre la richesse de l’artisanat local et commence à travailler avec des coopératives, tout en poursuivant ses activités de styliste.
En 2010, Julie prend un virage en devenant enseignante dans plusieurs écoles. Cependant, c’est en 2015 qu’elle décide de se lancer dans l’entrepreneuriat en fondant Dar Islie, une entreprise à impact. Grâce à sa connaissance de l’écosystème local, Julie parvient à associer ses projets créatifs à des missions de consulting. Elle collabore aussi bien avec des ONG qu’avec des marques premium en quête de savoir-faire d’exception.
Depuis une dizaine d’années, Julie milite pour la revalorisation sociale des artisans marocains. À travers Dar Islie, elle œuvre à la préservation et à la transmission des gestes et savoir-faire artisanaux.
Elle s’engage également sur le plan social. En effet, ses projets touchent des jeunes en formation, des femmes en zone rurale, et des mâalems, les maîtres artisans. Elle soutient la croissance et l’autonomisation des artisans en se concentrant sur le développement humain et créatif.
La mission de Dar Islie
En 2024, Julie Defudes accompagne le programme INFITAH (qui signifie ouverture en arabe) avec le soutien de l’Institut Français du Maroc. Cette initiative permet à cinq artisans marocains d’améliorer leurs compétences créatives. Ces artisans, après une résidence à Paris en mai 2024, ont pu explorer de nouvelles pistes créatives une fois de retour au Maroc.
Ce programme réunit les artisans en résidence de création et leur a permis de découvrir les métiers d’art français lors d’un séjour à Paris en mai 2024. L’ensemble du projet et des pièces réalisées seront présentés à l’Institut Français de Casablanca du 12 septembre au 10 octobre 2024. La cohorte 2024 est composée des profils variés suivants:
- Hicham Essaidi , un des derniers damasquineurs de Meknès
- Abdelaziz Brize, mâalem marqueteur à Essaouira
- Mohamed Atik qui perpétue la tradition de sculpture sur bois et d’incrustation des régions du sud,
- Soundous Bouhandi, formée au marketing et reconvertie à la bijouterie
- Khadija El Maddah, jeune brodeuse qui se lance tout juste dans l’entrepreneuriat
Valoriser les savoir-faire africains
Le Maroc compte une très grande diversité de savoir-faire, comme les autres pays du continent africain. Les actions publiques en faveur de la formation, la transmission et la commercialisation sont nombreuses. Mais le pays est touché par une disparition de plus en plus importante de savoir-faire selon Julie Defudes.
Les défis sont nombreux pour structurer le secteur et les composantes, toutes liées les unes aux autres, sont multiples. Comment donner envie à des jeunes de plus en plus animés par la réussite facile de rependre des métiers, souvent pénibles, mal rémunérés ? Et, comment faire pour que les artisans gagnent dignement leur vie ? Aussi, comment changer le regard porté sur un pays à qui on colle encore l’étiquette « pays du sud low-cost » ?
Un changement d’état d’esprit doit s’opérer, de la part des Africains eux-mêmes, non seulement sur la valeur de leur patrimoine mais aussi sur le storytelling qui l’accompagne. A l’instar des cours européennes, qui, il y a presque 5 siècles , ont posées les fondations de ce que nous appelons aujourd’hui les métiers d’art, l’Afrique doit elle aussi croire au potentiel énorme que représentent ses savoir-faire artisanaux.
Julie souhaite changer ce regard en valorisant le patrimoine et l’excellence des métiers d’art marocains.
Les coups de coeur de Julie Defudes
Julie nous partage ses coups de coeur du moment, les univers très poétiques et raffinés de la créatrice Sara Chraibi et de l’artiste Ghizlane Sahli, les valeurs portées par Camille Bertrand avec sa marque Brodeuse Voyageuse, qui travaille avec des artisanes marocaines. Dans un tout autre style, le collectif Label Oued, porté par Angeline Dangelser, qui a fait un très beau projet dernièrement sur le foot au féminin et la mode.
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