Kadia Sylla Moisson, bâtisseuse de ponts entre l’Afrique et sa diaspora

par | 12 mars 2025 | A LA UNE, Podcast

De la Maison Muller au Club des Diasporas Africaines de France, elle initie des projets visant à valoriser les compétences africaines et à stimuler l'essor économique du continent.
Kadia Sylla Moisson


Un parcours multidimensionnel au service de l’Afrique

Kadia Sylla Moisson incarne la figure de la femme africaine engagée, naviguant avec aisance entre les mondes professionnel et entrepreneurial. Directrice Afrique chez Grand Alexander, un groupe de chasse de têtes, elle œuvre à valoriser les talents africains sur le continent. Son parcours, riche et diversifié, témoigne d’une volonté de construire des ponts entre l’Afrique et sa diaspora. Née en Guinée, elle a quitté son pays à l’âge de 9 ans pour poursuivre ses études à l’étranger. Arrivée en France à 17 ans, elle a suivi un parcours académique brillant, obtenant un bac +5 en droit international.

Après 17 ans dans les ressources humaines, un tournant s’opère dans sa carrière. À l’aube de la quarantaine, elle ressent le besoin de se reconnecter avec ses racines et de s’engager davantage pour le développement de l’Afrique. En 2015, elle reprend la Maison Muller, un hôtel particulier à Montmartre, transformant ce lieu en un espace de coworking et d’événementiel. Rapidement, elle y insuffle une dimension africaine, ouvrant ses portes aux jeunes entrepreneurs et entrepreneuses de la diaspora. La Maison Muller devient un lieu d’échanges et de rencontres, où les talents africains peuvent s’exprimer et se développer.

Kadia Sylla Moisson

Valorisation des talents et création de réseaux

Parallèlement à ses activités entrepreneuriales, Kadia Sylla Moisson rejoint le groupe Grand Alexander en 2018. En tant que directrice Afrique, elle accompagne les entreprises dans leur recherche de talents sur le continent. Elle constate une évolution majeure : les entreprises africaines souhaitent de plus en plus “africaniser leurs boards” et recruter des cadres dirigeants locaux. Elle observe également un phénomène de “repat”, avec des membres de la diaspora africaine qualifiés qui reviennent sur le continent pour contribuer à son développement.

Ce mouvement, encouragé par des politiques publiques favorables, témoigne d’une volonté de participer à l’essor économique de l’Afrique. Forte de son expérience à la Maison Muller, Kadia Sylla Moisson fonde le Club des Diasporas Africaines de France.

Ce club d’affaires a pour objectif de créer un écosystème d’entraide pour les entrepreneurs de la diaspora. Elle souhaite leur offrir un réseau de contacts, des opportunités de financement et un accompagnement pour développer leurs projets. Le club se distingue par son approche business et son engagement à soutenir les talents africains. L’exemple d’Agnès, une cheffe cuisinière d’origine togolaise qui a repris un restaurant grâce au soutien du club, illustre parfaitement cette démarche.

Kadia Sylla Moisson

L’Industrialisation et la culture, moteurs de l’avenir africain

Kadia Sylla Moisson ne s’arrête pas là. Elle lance le Salon des Industries Africaines de France, une plateforme d’échanges et de rencontres pour promouvoir l’industrialisation du continent. La première édition, qui a réuni près de 250 personnes, a été un succès. La deuxième édition est en préparation et se tiendra au Sénégal, avec la Guinée comme pays invité d’honneur. Kadia Sylla Moisson est convaincue que l’Afrique a un rôle majeur à jouer dans les industries culturelles et créatives.

Elle salue les initiatives de pays comme le Bénin, le Sénégal, le Nigeria et la Guinée, qui mettent en valeur leur patrimoine culturel et soutiennent les talents locaux. Elle encourage les gouvernements africains à poursuivre leurs efforts pour créer un environnement favorable à l’émergence d’une économie créative dynamique et compétitive. Kadia Sylla Moisson est une femme de conviction, qui met son énergie et son réseau au service du développement de l’Afrique. Son parcours inspirant témoigne d’une volonté de construire un avenir meilleur pour le continent et sa diaspora.

Photos: Léocadie Ebakissé, co-organisatrice du Salon des Industries Africaines

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